Patrimoine architectural
Maçonnerie
Le revêtement de maçonnerie contribue à donner du caractère à la façade et à augmenter la valeur marchande d’un immeuble. Des travaux d’entretien régulier respectant les qualités architecturales de chaque élément sont essentiels afin d’assurer la conservation d’un bâtiment. Une maison dont la maçonnerie a été bien conçue et bien entretenue peut vous protéger des intempéries pour des siècles !
Ce site a été réalisé afin de vous aider à prendre les bonnes décisions pour vos travaux de réfection des murs de pierre ou de brique.
Façade traditionnelle en pierre
La pierre
Dès le début de la colonisation, la pierre calcaire, abondante sur le territoire montréalais, est utilisée dans la construction. Surnommée «pierre grise», elle est réputée pour sa dureté et sa résistance au gel. On retrouve aussi différents types de grès et de granite.
Le grès (pierre de sable)
Le grès est très dur et résistant à l’usure et à l’abrasion; par contre, il résiste peu au gel. Il est offert dans une variété de couleurs, entre autres, le rouge, le jaune, le blanc et le verdâtre.
Le granite
Le granite est très durable et résistant au gel, à l’abrasion et aux chocs. Ses principales couleurs sont le gris, le rosé et le noir.
Façade traditionnelle en brique
La brique
La brique d’argile devient populaire seulement à partir du XIXe siècle grâce à la production industrielle. Moins chère que la pierre, elle est de plus en plus utilisée comme matériau de façade. On retrouve traditionnellement de la brique d’argile commune et vernissée.
Le béton
À partir de 1900, avec l’industrialisation, le béton armé remplace la pierre pour les fondations. De plus, les éléments décoratifs en béton (allèges, linteaux, pilastres…) deviennent populaires dans les façades de brique ou même de pierre.
Il n’est pas recommandé de peindre la maçonnerie, puisque la peinture empêche le mur de respirer. Elle emprisonne l’eau qui avec le gel et le dégel, peut faire écailler la surface de la pierre et de la brique. Selon le Règlement d’urbanisme de la Ville de Montréal, il est interdit de peindre la pierre. Par contre, il est possible de peindre la brique dans certaines circonstances : si elle est déjà peinte ou si elle est trop poreuse (solution de dernier recours !).
Photo de gauche :
Mur de brique vernissée et arc segmentaire en brique
Photo de droite :
Arc avec clefs
Inspection
Afin d’effectuer les travaux appropriés, il faut évaluer, lors de l’inspection, quels sont les problèmes et leurs causes.
L’inspection doit vérifier :
- l’état de la structure et de la construction (bombements, fissures, affaissement et fléchissement du parapet);
- la condition des matériaux (efflorescence, effritement, désagrégation et saleté);
- la condition des joints de mortier;
- l’étanchéité (condition des fondations et des solins);
- la proximité d’arbres et la présence de plantes grimpantes.
Entretien et réparation
Lorsque la maçonnerie présente des problèmes, les étapes d’intervention sont les suivantes :
1) Les gros travaux :
ancrer le parement ou le démonter puis le reconstruire pour remédier aux bombements (ventre de bœuf);
étayer ou reconstruire le parapet s’il y a des problèmes de fléchissement;
consulter un architecte ou un ingénieur pour les problèmes plus graves comme les fissures ou l’affaissement des fondations.
Note : Avant de procéder à la réparation du parement, il est essentiel de trouver l’origine de la détérioration et de corriger le problème à la source.
2) La réparation des éléments endommagés (effritement et désagrégation) :
remplacer les pierres brisées par des pierres similaires ou les réparer par l’utilisation de résine d’apaise, de techniques de collage et de remodelage;
remplacer les briques endommagées (il est parfois difficile de retrouver des modèles de brique ancienne, vous pouvez alors faire appel à des artisans ou à des fournisseurs de matériaux de récupération);
certains maçons peuvent donner un aspect vieilli aux nouveaux matériaux afin que les réparations soient le moins apparentes possible.
3) Le rejointoiement des joints fissurés et détériorés :Le choix et la préparation du mortier sont primordiales au succès des travaux.
La texture et la couleur du mortier doivent être similaires à celles des joints existants afin que l’intervention soit imperceptible.
La forme des joints et la qualité du mortier sont des éléments déterminants pour assurer la durabilité des joints et du mur. Par exemple, un mortier trop dur endommage la maçonnerie puisqu’il n’absorbe pas les mouvements de la structure ou les dilatations.
4) Le nettoyage (efflorescence et saleté) :
Il existe 3 méthodes principales : à l’eau, aux produits chimiques ou abrasives.
L’eau constitue la technique la plus simple, la plus sûre et la moins coûteuse.
Une variété de produits chimiques sont aussi en vente sur le marché pour enrayer différents types de saleté; mal utilisés, ces produits peuvent provoquer la décoloration du parement ou être nocifs pour la santé et l’environnement.
Les techniques abrasives sont les plus dommageables et non recommandées; en fait, elles sont interdites sur le territoire de la CUM. Le nettoyage au jet de sable ou l’utilisation de brosses métalliques cause des dommages permanents à la maçonnerie, brise les joints et réduit ainsi la durée de vie du mur.
Note : Cette intervention doit être faite adéquatement afin de ne pas endommager la maçonnerie. Avant de procéder, un test devrait être fait sur une partie moins apparente du parement.
Réparations temporaires
S’il est impossible d’effectuer les travaux de réparation (l’hiver par exemple), des réparations temporaires peuvent être effectuées : réparation des parties les plus touchées et étaiement.
Les arbres et les plantes
Certaines «essences» d’arbres peuvent endommager les fondations; il faut souvent se résoudre à les couper pour régler le problème. Les plantes grimpantes, quant à elles, accélèrent le processus de détérioration de la maçonnerie seulement si celle-ci comporte des faiblesses. Il est cependant nécessaire de l’inspecter régulièrement pour s’assurer de son bon état et de tailler les plantes près des ouvertures, des gouttières et de la cheminée.
Le remplacement
Le remplacement complet du parement de brique ou de pierre n’est pas recommandé; il est préférable et souvent moins coûteux de le réparer, à moins qu’il ne soit en trop mauvais état. Le remplacement de la maçonnerie doit respecter le caractère original du bâtiment et considérer la valeur architecturale des différents éléments.
Une recomposition basée sur l’appareillage d’origine assure la réussite des travaux. Il est donc nécessaire de conserver les éléments décoratifs (allèges, linteaux…) ou de les remplacer par une copie. De plus, il est préférable de reconstituer les jeux de maçonnerie (arcs, bandeaux, chaînage d’angle, parapet…).
Les matériaux de remplacement devraient être identiques à ceux d’origine :
- La brique
- Il est préférable de choisir une brique d’argile plutôt que de béton (à moins que son fini ressemble à celui de l’argile). Le format modulaire métrique est privilégié puisqu’il correspond le mieux au format traditionnel.
- La pierre
- Si les coûts de remplacement sont trop élevés, il peut être acceptable d’utiliser de la pierre artificielle. Il faudra aussi tenir compte de la texture (lisse ou bossagée) dans le choix de la pierre de remplacement. Lors du choix des matériaux, il faut aussi tenir compte des critères techniques, comme la résistance au gel et la porosité.
Les erreurs à éviter
Il n’est pas recommandé de modifier ou de supprimer des éléments de la façade. De telles interventions altèrent le caractère de l’édifice et diminuent ainsi sa valeur marchande.
Exemple de remplacement de parement n’ayant pas considéré l’appareillage de la maçonnerie d’origine.
- Les linteaux de pierre ont été remplacés par de simples cornières.
- Les nouvelles allèges sont beaucoup moins épaisses que celles d’origine.
- Aucun traitement du couronnement n’a été fait. Le jeu des briques du parapet d’origine a été complètement ignoré.
- L’utilisation de brique de béton plutôt que de brique d’argile n’est pas appropriée.
Les éléments décoratifs de la façade ont disparu lors des travaux de rénovation.
Exemple d’intervention ne considérant pas les matériaux d’origine. Le recouvrement d’aluminium de cette façade semblait moderne lorsqu’il a été installé dans les années 60, maintenant que cette mode est passée, le bâtiment a perdu de son intérêt.
Des travaux ayant pour but de moderniser le bâtiment sont souvent voués à l’échec et diminuent la valeur marchande de l’immeuble.
Les sources
Patrimoine – Ville de Montréal
Réf.: http://patrimoine.ville.montreal.qc.ca/fiches/maconnerie.htm
LONDON, Mark, BUMBARU, Dinu. Maçonnerie traditionnelle,
Guide technique no 3, Montréal, Héritage Montréal, 1984.
LONDON, Mark. Masonry: How to care for old and historic brick and stone,
Washington, The Preservation Press, 1988.